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Certification Plante Bleue (2/7) : des en grais, oui mais...

La série consacrée à Plante Bleue et aux critères exigés pour chacun des deux niveaux – le Diagnostic environnemental (niveau I) et le Référentiel technique national (niveau II) – se poursuit. Ce deuxième volet aborde la stratégie de fertilisation.

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Deuxième volet, la thématique de la fertilisation (1) est sûrement la plus diversifiée au sein même du secteur horticole, en comparaison avec d'autres dispositifs agricoles de certification, étant donné la diversité des conditions de culture et la nature des engrais apportés. Elle nécessite de distinguer la pleine terre du hors-sol et les pratiques associées aux différents types d'engrais utilisés, des engrais solides aux solutions.

1 CONTEXTE : LES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX LIÉS À LA FERTILISATION.

Les enjeux ci-après s'appliquent à l'agriculture en général. Ponctuellement, certains systèmes de culture horticoles ne sont pas ou peu concernés, ou les connaissances actuelles ne permettent pas de conclure sur leurs impacts. Premièrement, les lessivages d'azote et de phosphore sont à l'origine d'une altération de la qualité des eaux. Une étude, menée sur dix ans à la suite de la Directive nitrates, avait ainsi mis en évidence une augmentation des nitrates dans 50 % des eaux souterraines, corrélée à la présence d'activités agricoles notamment (Réseau national des données sur l'eau, 2004). L'impact est éminemment moindre pour des surfaces imperméabilisées dotées d'un système de récupération des effluents.

Deuxièmement, si le protoxyde d'azote N2O, gaz à effet de serre (GES), est produit naturellement dans les sols au cours des réactions de nitrification et de dénitrification, l'apport d'azote par l'agriculture accroît ces émissions ; ce surplus représente environ 10 % des émissions totales de GES en France (en éq-CO2 - Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique, 2010). La quantification de ces émissions en système hors-sol demeure encore peu étudiée. On rappellera néanmoins que le secteur ornemental représente une faible part de la surface agricole utile (SAU) française (0,07 %) et que ses spécificités lui confèrent un éventail de possibilités pour réduire ces impacts.

2 NIVEAU I : LE DIAGNOSTIC EN_ VIRONNEMENTAL - LE CAS DES APPORTS PAR SOLUTION NUTRITIVE.

Le diagnostic tient compte uniquement de l'impact de la fuite éventuelle d'éléments fertilisants (par ruissellement ou infiltration) sur la qualité des eaux en aval des parcelles. Dans la situation d'un apport par solution nutritive, l'évaluation s'appuie sur deux points principaux : le mode d'irrigation et le devenir des effluents. Les solutions nutritives étant apportées conjointement avec l'eau d'irrigation, l'efficience de l'irrigation (voir le Lien horticole n° 786) vaut ici également pour l'apport fertilisant. Elle est estimée à partir d'indicateurs de bonnes pratiques (gestion des doses et des fréquences, entretien et suivi) et d'un indicateur « système d'irrigation » (mode d'irrigation/taille des pots).

Dans un second temps, la prise en compte du devenir des effluents permet de parfaire l'évaluation. Les systèmes fermés (récupération et recyclage) n'auront logiquement pas ou peu d'impact, et les systèmes de traitement (lagunage, filtration, ou via les réseaux des villes) ainsi que l'épandage sur d'autres cultures amélioreront le bilan environnemental. Lorsque les rejets ne sont ni récupérés ni traités, l'évaluation s'en tient à la performance initiale du mode d'irrigation ; c'est-à-dire que des systèmes, même sans récupération, peuvent être efficients si initialement les apports sont localisés. Le diagnostic fait le tour d'autres pratiques (aides à la décision, raisonnement, stockage...) qui sont vues dans les exigences du référentiel technique du niveau 2.

3 NIVEAU II : LA CERTIFICATION PLANTE BLEUE - LE RÉFÉRENTIEL TECHNIQUE NATIONAL.

Les pratiques présentant un impact positif sur l'aspect fertilisation sont nombreuses et diverses ; le référentiel leur accorde naturellement une place importante. Aussi, les bandes enherbées en bordure de parcelle ou de cours d'eau, les mulchs et les paillages, le bois raméal fragmenté (BRF), le choix des engrais... sont autant d'exemples à faire valoir lors d'un audit. D'autres points sont également évoqués dans le référentiel :

– Le pilotage de la fertilisation : pour les cultures hors-sol, l'auditeur s'assure de l'utilisation d'aides au pilotage – réalisation de mesures d'EC et de pH, calcul des taux de dilution pour les solutions fertilisantes, prise en compte des dynamiques de libération lente... ; pour les cultures de pleine terre, les apports – amendement et engrais - doivent être consignés en précisant date et quantité apportée. Le raisonnement des apports est justifié, notamment sur la base d'analyses de sol.

– La gestion quantitative de la fertilisation : en premier lieu, la composition en éléments N, P et K est connue pour tous les engrais utilisés. Pour les apports organiques, selon les données disponibles, des tables de références peuvent être utilisées. Ensuite, un suivi des quantités totales apportées est réalisé.

– Le stockage des engrais : selon la nature des engrais, les solutions de stockage pour prévenir les risques éventuels divergent. Ainsi, le stockage des effluents d'élevage ne doit pas entraîner d'écoulement vers le milieu, les solutions fertilisantes en cuves s'accompagnent de systèmes de rétention, et les engrais solides conditionnés sont stockés sous abri et sur palette...

4 ÉVALUATION DES ENGRAIS ORGANIQUES.

Les impacts liés à l'utilisation des engrais organiques sont le fait de plusieurs facteurs (nature de l'engrais, type de substrat...) et les connaissances sur leurs interactions méritent encore d'être approfondies pour appréhender sereinement la problématique. De ce fait, ce critère n'entre pas actuellement dans le diagnostic Plante Bleue, mais pourrait à terme être rajouté. En effet, annuellement une dizaine d'essais est réalisée dans les stations régionales d'expérimentations Astredhor sur ces aspects agronomiques et environnementaux.

Romain Manceau (2)

(1) Les documents relatifs au diagnostic et au référentiel sont disponibles sur www.valhor.com, dans la rubrique « Qualité & Certification ». Plus d'informations sur plantebleue@valhor.fr (2) Astredhor, romain.manceau@astredhor.fr

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